Ce
qui est premier chez Jésus : ce n'est pas : " dis-moi
tes péchés ", mais "
m'aime-tu, crois-tu en Moi ? " Jésus
vient pour nous apporter le salut et le proposer à tous. Pour
Lui, l'essentiel, c'est l'Amour de Dieu et non le péché.
Que de fois, j'ai entendu, depuis 1970, " Les chrétiens
ont perdu le sens du péché
" Je disais : "
Non, c'est le sens de Dieu qu'ils ont perdu, le sens de l'Amour de Dieu,
le sens du pardon, de la réconciliation " Ce qui
est certain, c'est que nous sommes une bonne terre, bien ensemencée,
mais où l'ennemi sème de l'ivraie. Selon Jésus,
cette ivraie sera en nous jusqu'à notre mort, notre accueil total
de l'Amour. Alors, nous serons totalement libérés, délivrés.
Pour Jésus, ce n'est pas le péché qui compte, mais
les actes d'amour, de partage, d'accueil, d'écoute et de libération
: briser les liens de tout esclavage, nourrir, vêtir la veuve
et l'orphelin, loger le sans abri, soigner les malades etc
(Matthieu
25-31ss). Il ne s'agit pas de faire ceci ou cela, mais d'aimer par des
actes concrets. Pour les angoissés, les personnes remplie de
culpabilité, de remord, Jean nous dit :
" A cela, nous saurons que nous
sommes dans la Vérité et devant Lui (Dieu) nous apaiserons
notre cur, si notre cur venait à nous condamner,
car Dieu est plus grand que notre cur et IL connaît tout.
Bien-aimés, si notre cur ne nous condamne pas, nous avons
pleine assurance, devant Dieu, quoique nous Lui demandions, nous le
recevons de Lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous
faisons ce qui lui est agréable " (1
Jean 3- 19-22)
Car "
quiconque demeure en Lui, ne pèche plus. Quiconque pèche,
ne l'a vu, ni connu " (1
Jean 3-16)
" Quiconque
est né de Dieu
ne commet pas le péché, parce
que sa semence demeure en lui. IL ne peut pécher, étant
né de Dieu " (1
Jean 3-19)
Il semble bien que pour Jean il n'y a que celui
qui ouvre son cur à Satan qui commet le péché
:
"
Celui qui commet le péché, est du diable, car le diable
est pécheur dès l'origine " (1 Jean 3-8)
En effet, Jean nous dit :
" Il ne s'agit pas de ceux qui
commettent le péché conduisant à la mort, car il
y a un péché qui conduit à la mort ; pour ce péché-là
je ne dis pas qu'il faut prier. Toute iniquité est péché,
mais il y a tel péché qui ne conduit pas à la mort
" (1 Jean 5-16-17)
Quel est ce péché qui conduit à
la mort ? : Celui contre l'Esprit
Saint (Matthieu 12-11) : l'apostasie des antichrists
(1 Jean 2-18ss et Hébreux 2-4-6) Jusqu'à présent,
il n'a guère été question de ce péché
qui conduit à la mort : au fond, le péché mortel
qui nous sépare totalement de Dieu, quel est-il ? Tous les autres
péchés ne conduisent pas à la mort, mais à
une diminution de vie avec et pour Dieu, donc à une perte de
paix, de joie, d'amour, à une vie chrétienne au ralenti
où se mêlent joie et tristesse, angoisse, peur, remords,
ennui et même un certain dégoût de vivre, une diminution
de vie. Et tout cela peut disparaître grâce au pardon de
Dieu qui nous permet de nous réconcilier, avec nous-mêmes,
avec les autres, avec Lui.
Comment se réconcilier
avec Dieu, avec soi et avec les autres ?
Certainement pas en disant comme nous l'avons appris : " mon père,
je m'accuse !... " J'ignore qui a trouvé cette formule,
mais il devait ignorer Apocalypse 12-10. "
C'est Satan qui nous accuse, jour et nuit, devant notre Dieu "
D'autre part, Jésus, qui est Dieu, n'accuse personne
: IL n'a jamais dit à quelqu'un : " Accuse-toi devant Moi
de tout le mal que tu as fait "
" Ne pensez pas que je vous accuserai
auprès du Père. Votre accusateur, c'est Moïse, en
qui, vous avez mis votre espoir " (Jean 5-45 ss)
L'accusateur est Satan, lui, le menteur. Saint Paul écrit :
" Je ne me juge pas moi-même
mon
juge, c'est le Seigneur " (1 Corinthiens 4-3-4)
Devant Dieu, en effet, nous ne sommes pas comme devant un tribunal des
hommes où l'on vous dit : " Accusé, levez-vous !
" Souvenons-nous du père courant vers son fils perdu et
retrouvé : voilà notre ABBA que Jésus lui-même
nous révèle. C'est sans doute comme cela que Abba voudrait
voir son Eglise, ses prêtres accueillir les pécheurs que
nous sommes. Dieu ne traduit pas ses enfants devant sont saint tribunal,
car IL n'a pas de tribunal : IL est Amour et Pardon. Dire : Je m'accuse
: c'est se juger soi-même. Ce que nul ne doit faire. Autre chose
est de se mettre en Présence de Dieu, comme un petit enfant devant
son papa ; en toute confiance, car nous sommes pardonnés avant
même de demander pardon. Il est temps de cesser de voir Dieu comme
un justicier.
Examen de conscience
Les textes d'examen de conscience pour se préparer à une
bonne confession prévoyaient toutes les situations peccamineuses,
comme on disait. Or l'Eglise nous demande, depuis le concile, de prendre
un texte de la Parole de Dieu et de voir comment nous avons vécu
cette Parole ? Dieu d'abord, nous ensuite, et non je me regarde d'abord
au lieu de regarder Dieu. Se réconcilier avec Dieu, ce n'est
pas lui débiter une liste de péchés qui ne signifie
rien, mais de se mettre en face de ABBA qui nous presse contre son cur
et ainsi change le cur et la vie de son enfant. Le but du sacrement
de réconciliation n'est pas la liste de péchés,
mais ma conversion : donc ouvrir mon cur à l'Amour de Dieu,
comme l'enfant perdu et retrouvé, afin de participer à
la Joie de Dieu et être comblé de Joie.
Pourquoi l'Eglise a-t-elle
donné une telle place au péché ?
Il me semble qu'au début de l'Eglise, il était impensable
que celui qui avait été baptisé, retourne à
Satan
même sous la torture. Saint Cyprien a plaidé
la cause des " lapsi " afin qu'ils puissent être réintroduit
dans l'Eglise (3eme siècle) Constantin a attendu la fin de sa
vie pour être baptisé (4eme siècle) sachant qu'empereur,
il lui serait impossible de ne pas commettre de péchés
graves. A cette époque, la confession annuelle n'existait pas.
Devant les difficultés, l'Eglise a permis aux baptisés
de recevoir ensuite une fois dans leur vie un " pseudo-baptême
" = une réconciliation avec l'Eglise après des fautes
graves et publiques. C'est le commencement du sacrement de réconciliation.
Mais les chrétiens par l'apôtre Jacques dit : "
Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez
les uns pour les autres afin que vous soyez guéris " (Jacques
5-16)
Ce sont les moines irlandais qui ont introduit ce qu'ils appelaient
" la confession de dévotion " donc non obligatoire.
Charlemagne a voulu rendre cette confession obligatoire. Cela n'a guère
fonctionné. Ce qui est certain, c'est que les siècles
de chrétienté, n'étaient pas des siècles
vraiment chrétiens. Les chrétiens ne communiaient plus
et ne se confessaient pas. C'est pourquoi au Concile de Latran 1215,
la décision a été prise de demander à tous
les chrétiens de se confesser au moins, une fois, l'an, à
son curé et de communier au moins à Pâques, chaque
année.
Comment Jésus a-t-il parlé
avec les pécheurs et les publicains ?
Jésus, lui, remet les péchés sans examen de conscience,
sans poser de question. Lui, Il regarde, aime, pardonne
C'est pourquoi,
IL a raconté l'histoire du Père qui court vers son enfant
perdu et retrouvé
Pourquoi voir le péché
partout. Dieu, Lui, ne juge pas, ne condamne personne, mais IL sauve.
Jésus n'a donné aucune pénitence, à qui
que ce soit, mais sa Miséricorde, son Amour changeaient les curs.
" Mais SEIGNEUR, TU as pitié
de tous parce que TU peux tout et TU détournes les yeux des péchés
des hommes pour les amener au repentir
(Sagesse 11-23-24)
L'essentiel dans le sacrement de réconciliation, ce ne sont pas
nos péchés mais la mise en Présence de la Tendresse,
de la Miséricorde, de l'Amour, du Pardon de Abba qui nous convertit.
Pourquoi avons-nous culpabilisé des personnes par le " permis,
défendu, légal, illégal. Le péché
n'est-il pas un manque de foi, d'espérance et d'amour ? Un refus
d'aimer Dieu, de s'aimer et d'aimer les autres. Dieu seul, sonde les
reins et les curs. C'est pourquoi tout prêtre doit faire
confiance au pénitent et le placer en face de l'Amour miséricordieux
du Père. Est-ce que les papas et les mamans n'aiment plus leur
petit enfant parce qu'il a fait une bêtise ? Malheureux parents
qui ne savent pas pardonner : c'est le signe qu'ils ne savent pas aimer.
Devant Dieu, nous restons des tout-petits ; C'est pourquoi, il sait
que nous sommes faibles, car poussière, mais "
Dieu est riche en miséricorde à cause du grand amour dont
il nous aime
(Ephésiens 2-4-10)
N'allons pas mettre une limite à cette miséricorde de
Dieu, à son Amour pour nous. A chacun de nous, comme à
Pierre, Jésus dit : " M'aimes-tu
? "
Comme Thérèse de Lisieux, soyons Amour : " Dans l'Eglise,
ma mère, je serai l'Amour "
Saint Paul nous rappelle dans sa première lettre aux corinthiens
(13-1-7) que :
" L'amour excuse tout, croit
tout, espère tout, supporte tout "
Donc, l'Amour, Dieu est Amour, ne juge personne, ne condamne personne,
ne punit personne, mais pardonne sans rien exiger, car l'Amour se donne
toujours gratuitement et donne tout : donc le pardon, aussi gratuitement.
(Luc 15-11ss) Toute réconciliation avec Dieu doit comporter une
réconciliation avec soi-même et avec les autres, sinon,
il n'y a pas conversion. Or qui dit " sacrement de réconciliation
" dit conversion à l'Amour du Père.
Les chrétiens catho ne se
confessent plus
Or tous ceux qui participent à l'Eucharistie, commencent toujours
par demander pardon, au début de chaque messe : Prière
pénitentielle, puis dans le Notre Père, dans l'Agneau
de Dieu et avant de communier :
"
Seigneur, je ne suis pas digne de TE recevoir
"
Est-ce que nous croyons à ces paroles : oui ou non ? Si oui :
j'ai appris que tous nos péchés non mortels étaient
pardonnés par ces prières. Si je crois et vis ce que je
dis : chaque jour, je me reconnais pécheur et je suis pardonné
par Jésus lui-même, dès lors que je célèbre
l'Eucharistie ou y participe. Croyons à ce que nous disons et
sachons que Dieu n'est pas sourd. Je tiens à souligner que Dieu,
parce qu'IL est Amour, ne tient pas de livre de comptabilité
de nos bonnes et mauvaises actions, de nos mérites ou non mérites.
Dieu regarde le cur. C'est pourquoi nous ne voyons bien qu'avec
le cur. Un seul commandement pour vivre en chrétien :
" Aimez-vous, les uns, les autres, comme JE vous aime "
Cela vaut mieux que toutes les lois, car seul l'Amour rend libre !...
Pierre Jarry, prêtre