Jésus
a été un homme de douleurs, un familier de la souffrance
(Isaïe 53)
Jésus souffre en toute
personne qui souffre. Il a pris sur lui nos douleurs, nos détresses,
nos peurs, nos péchés, nos croix. Tout cela lui appartient.
N'hésitons pas à les lui donner.
"Nous sommes créés, nous sommes vulnérables
et mortels" Cependant
nous sommes en marche vers "la perfection", vers la Vie Eternelle
: la Gloire de Dieu. Qui dit marche, dit efforts, lutte, combat, sortie
de soi, victoire ou défaite.
Regardons le positif de la souffrance. Elle n'a aucune valeur en elle-même
!...Cependant combien de malades, de blessés ont été transformés par la souffrance...parfois même, transfigurés. J'ai accueilli
plusieurs fois une personne dont toutes les jointures étaient
artificielles avec en plus la polyarthrite déformante, ayant
subi une trentaine d'opération. Elle rayonnait, ne se plaignait
jamais.
La souffrance a appris à
beaucoup de personnes, à s'ouvrir aux autres, à apprécier
la délicatesse des soignants. Elle a fait naître en eux
un désir de vivre, d'aider les autres par un sourire, à
être attentifs aux gestes d'affection. Elle a appris aussi, l'humilité,
surtout quand on dépend totalement des autres. Cela suppose un
cur accueillant, un oubli de soi. La souffrance devient alors
purification. Elle nous apprend l'essentiel de la vie : l'amour de Dieu
se manifestant à nous dans les gestes de délicatesse,
d'attention, d'amour des autres.
Cependant, celui qui a une foi personnelle, donc à qui Jésus
s'est révélé, quand il souffre, il donne tout à
Dieu et laisse Jésus souffrir en lui "Je
ne souffre plus, c'est Jésus qui souffre en moi".
Sa souffrance, alors, entre dans le mystère de la Rédemption,
car elle devient communion au Christ Crucifié et Ressuscité.
Elle est fécondité et joie.
A un week-end du Renouveau, le prédicateur devait donner deux
enseignements sur la souffrance. Il y avait cinq prêtres présents,
tous malades. Quelques semaines après, il retrouve le responsable
de ce week-end qui lui dit : "Les prêtres sont furieux, tu
n'as pas fait l'éloge de la souffrance. ..tu n'as pas parlé
de sa valeur rédemptrice ni dit qu'elle était la volonté
de Dieu. Il lui a répondu : "Puisque c'est la volonté
de Dieu qu'ils soient malades et souffrent, pourquoi se font-ils soigner
et prennent-ils tant de remèdes ?...Tu leur diras qu'ils n'accomplissent
pas ce que Dieu veut. Par contre puisqu'ils se font soigner, demande-leur
pourquoi ils ne demandent pas à Dieu leur guérison ?"
Pie
XII a dit : "Tout le monde n'est pas appelé à l'héroïsme
de la souffrance".
Tous donc, doivent se faire
soigner et peuvent donc, en même temps, demander leur guérison,
sauf vocation particulière comme Marthe Robin. Notre vocation
à tous est d'aimer, de bénir, louer le Seigneur et de
servir nos frères. Si la souffrance nous empêche de bénir,
de louer le Seigneur en nous révoltant contre Lui, demandons
notre guérison avec la foi que nous avons. Si elle fait de
nous des aigris, des agressifs, des pessimistes, nous remplit d'amertume,
de peur, d'angoisse, de tristesse, demandons notre guérison.
De même, si la souffrance nous rend impossible avec les autres,
nous enferme sur nous-mêmes, nous rend exigeants, c'est le signe
que notre vocation n'est pas de souffrir. En nous, cette souffrance
n'est pas rédemptrice. Tous nous sommes faits pour vivre au
" maximum " ce qui nous est bien difficile.
Dieu nous veut en paix avec
nous-mêmes et les autres.
"Je vous laisse ma paix "
(Jn 14, 27)
Il nous veut également plein de joie.
"Je vous dis cela pour que ma
joie soit en vous et que votre joie soit complète."
(Jn
15, 11)
Dieu nous veut plein d'amour, donc au service
des autres et non pas pour que nous rendions les autres esclaves de
nous-mêmes.
DIEU nous veut plein de force et de foi,
rayonnants de sa Présence en nous, de
sa Force.
DIEU nous veut vivants dans la Vérité
de l'Amour et non enfermés sur
nous-mêmes, sur notre douleur.
Dieu nous veut tout accueil aux dons et charismes
de son Esprit Saint et non enfermés
dans une spiritualité masochiste.
Donc, si la souffrance ne nous procure pas la paix, la joie, l'amour,
la force d'abandon, alors il nous faut demander la guérison.
Père, Papa Bon Dieu, que ta
volonté soit faite sur la terre comme au ciel
(Mt 6, 10)
Au ciel, tout est paix, tout est joie, tout est amour, tout est vie,
tout est lumière. C'est pourquoi toute personne dont la vocation
est la souffrance rayonne toujours de paix, de joie, d'amour. Pour
son entourage, elle est Vie et Lumière. Il faut, en effet,
toujours vivre l'instant présent qui est toujours celui du
passage de Dieu, donc un mystère d'amour. C'est la rencontre
avec le Bien-aimé par lequel nous nous laissons saisir. Nous
sommes alors, que ce soit en bonne santé ou malade ,dans les
bras de Dieu. Nous acceptons qu'il nous élève tout contre
sa joue comme un papa élève son enfant contre sa joue,
comme dans le Cantique des Cantiques, nous disons au bien-aimé
:
"Donne-moi un baiser sur ma bouche"
"je me nourris de Toi et alors :
"Ce n'est plus moi qui vis, mais
le Christ qui vit en moi." (Galates 2, 20)
Ce n'est plus moi qui souffre, c'est le Christ qui souffre en moi. Je suis prêt, alors, pour danser de joie avec Papa Bon Dieu
et je peux chanter : Alléluia.
Pierre Jarry, prêtre
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